Un réveil douloureux...

Une jeune femme blonde marchait droit devant elle, lentement. Pieds nus, habillée d'une longue robe blanche, elle gardait la bouche entrouverte, fixant l'intense lumière blanche devant elle. Soudain, un jeune homme aux cheveux bruns arriva en marchant d'un pas rapide, se dirigeant vers elle. Elle tourna la tête vers l'homme qui la fixait d'un air étrange. Elle arrêta de marcher et parla enfin.
"Alexandre ?"
L'homme ne répondit pas, se contentant de regarder Sara. Cette dernière regarda à nouveau la lumière blanche, puis le jeune homme, l'air perdu. Le rayon de lumière blanche était attirant, presque hypnotisant. Suivre ce rayon était facile, il suffisait de marcher en ne pensant à rien d'autre. Se dire que bientôt, tout serait fini. Puis elle regarda Alexandre. Alexandre, lui qui avait tant compté pour elle. Elle ne représentait rien pour lui, sinon il ne serait pas parti comme ça, sans même lui dire au revoir, sans même un dernier regard. Il ne l'aimait pas, et ne l'avait jamais aimé. Il n'était pas parti à cause de cette stupide histoire de baiser. Il était parti pour une autre raison, sûrement tout aussi insignifiante, tout aussi stupide. D'ailleurs, lui-même était stupide. Alexandre, tellement stupide qu'il n'a pas vu ce qu'elle ressentait pour lui. Tellement stupide, mais tellement indispensable à son bonheur. Elle n'avait jamais envisagé de vivre sans lui depuis qu'elle l'avait rencontré. Le coup de foudre. Ca faisait cliché comme ça, mais c'était la vérité. Elle avait eu le coup de foudre pour Alexandre, et rien ni personne ne pouvait changer ça. Elle se devait de choisir. Suivre la lumière, où elle ne pourrait plus rien ressentir, ou résister, en prenant le risque qu'il ne l'aime plus. Elle n'eut pas le temps de faire un choix. Elle ne voyait plus rien, à part le noir.
Sara ouvrit brusquement les paupières. Allongée dans un lit, elle était dans une chambre entièrement blanche. D'abord floue, sa vision se précisa et elle aperçut un homme, ayant dans les trente ans, portant une blouse blanche. Il tourna la tête vers elle et eut l'air surpris quand il la vit éveillée. Elle cligna des yeux et essaya de se redresser, mais elle ressentit une douleur fulgurante dans le bras. Elle gémit doucement et essaya d'articuler quelques paroles.
"Euh... je... vous... qu'est-ce qui..."
Elle essaya de dire quelque chose de compréhensible, mais avant qu'elle n'ai réussi à ajouter quelque chose, l'homme l'interrompit...

-Du calme, reposez-vous. Vous êtes à l'hôpital St-Mangouste. Vous avez de la chance que le jeune Imago était là, sinon vous ne vous seriez jamais réveiller. Il marqua une pause puis reprit. Mr. Imago m'a demandé de m'occuper spécialement de vous.

Skügga regarda un moment Sara avec un petit sourire, elle lui rappelait sa mère, sa défunte mère. Skügga reprit ses esprits quand Grogan Imago entra dans la chambre. Le sorcier suédois reprit juste après:

-J'ai oublié de me présenter, je m'appelle Skügga Deathtower, je suis le directeur de cet hôpital. Vous parliez dans votre sommeil, d'un certain Alexandre, je suppose que c'est celui que vous recherchez.

Skügga regarda un petit instant Sara jusqu'à qu'elle réussi à dire quelque chose de compréhensible...

Sara essaya de comprendre pourquoi elle était ici, puis elle se souvint de ce qui s'était passé. Elle avait lâché le bocal, elle s'était penché, avait entendu un bruit, s'était retourné, et avait vu le serpent. Elle n'avait pas été assez rapide pour s'éloigner, et le serpent lui avait mordu le bras. Après ça, elle ne se souvenait plus de rien. Grogan avait dû l'amener ici en vitesse. Elle écouta les paroles du directeur et elle fronça légèrement les sourcils, regrettant d'avoir prononcé -même si c'était involontaire- le nom d'Alexandre.
"Euh... d'accord. Ça fait... combien de temps que je suis ici ?" demanda-t-elle -d'une voix assez faible- à l'homme en blouse blanche.

Skügga regardat sa montre un petit instant puis répondit à sa patiente:

-Environ un jour, un jour que Mr. Imago et moi attendions votre réveil. J'ai proposé un pari à Mr. Imago sur le temps que vous alliez mettre pour vous réveillez, malheureusement il n'a pas voulu tenir le pari.

Le directeur de St-Mangouste prit un verre et y versa un peu de potion.

-Tenez, buvez, dit le sorcier suédois en tendant le vers à Sara, je vous prierez seulement de ne pas cracher le contenu du verre même si le goût laisse à désirer, je l'avoue.

Skügga se releva, commença à partir, il marcha quelques mètres, se retourna et dit:

-Je vais m'absenter un petit instant, je dois m'occuper des autres patients, je vous laisse seule avec Mr. Imago.

Puis Skügga s'en alla, laissant seuls les deux anciens serdaigles...

Sara regarda Mr. Deathtower partir en tenant toujours son gobelet de potion à la main. Elle jeta un coup d'œil à Grogan, puis approcha le verre de ses lèvres entrouvertes. *Bon allez, vas-y d'un coup !*songea-t-elle. La jeune femme détestait avaler des potions, encore moins quand elles avaient une horrible odeur, comme celle-ci. Elle prit son courage à deux mains et descendit tout le contenu du verre. La potion était écœurante et Sara eut un haut-le-cœur et crut qu'elle allait vomir mais se ressaisit. Elle posa le gobelet sur la table de chevet à côté d'elle et s'enfonça dans ses oreillers, tout en regardant son ami qui n'avait pas raté une minute de l'ingurgitation de la potion. Elle attendit qu'il dise quelque chose en observant la chambre où elle se trouvait...

Sara cligna plusieurs fois des yeux en écoutant toutes les paroles de Grogan mais ne retint que la dernière.
"Oh, tes parents devraient passer dans quelque temps." dit le jeune homme d'un air distrait.
La jeune femme ouvrit ses yeux bleus en grand et tourna brusquement la tête vers son ami.
"Quoi ?! Oh non..."
Même si elle aimait beaucoup ses parents, elle n'avait pas du tout envie qu'ils viennent ici. Elle réfléchit à ce qu'il avait dit à propos d'Alexandre et lui répondit d'un air un peu gêné.
"Euh... je ne me souviens pas vraiment de quoi j'ai rêvé... avoua-t-elle d'une voix faible. Ça ne devait sûrement pas être important... Mais c'est vrai que c'est un peu pénible de ne pas se souvenir."
Elle regarda le jeune homme et lui sourit d'un air désolé, alors qu'il reprenait la parole...

Après avoir discuté pendant de -trop- longues minutes avec ses parents, Sara attendit qu'ils quittent la pièce. Au bout de quelques minutes de solitude, elle commençait à s'ennuyer. Elle n'était jamais allée à l'hôpital. Que faire quand on est coincé dans un lit sans avoir le droit de bouger ? Le guérisseur qui était censé "la surveiller" était de dos ; apparemment, il lisait quelque chose. La jeune femme regarda la pièce d'un œil observateur et aperçut l'édition de la Gazette du Sorcier du jour dans le coin opposé de la pièce. Elle regarda de nouveau le guérisseur, qui était toujours immobile et concentré sur sa lecture, et commença à repousser ses couvertures. Elle se mit discrètement debout et se dirigea à pas silencieux vers le guéridon où était posé le quotidien. La jeune femme s'empara du journal et commença à revenir vers son lit, quand elle fut prise de vertige. Elle poussa un léger gémissement, mais qui suffit à faire retourner le guérisseur qui se pressa vers elle. Elle ne pouvait plus rester de bout, elle n'en avait plus la force. Elle s'écroula sur le sol froid de la chambre et perdit connaissance...

Skügga alla voir plusieurs blessés, le plupart l'étaient à cause de l'alliance des opprimés. Après de nombreuses visites, il choisit de retourner voir la jeune Sara Tichers. Le directeur de l'hôpital marcha pendant un long moment dans le couloir qui menait à la chambre N°142, puis y entra enfin. Il remarqua immédiatement l'ancienne serdaigle allongée au sol et le guérisseur chargé de la surveiller qui s'affolait. Skügga se disputa avec le guérisseur, il lui reprocha de mal faire son boulot et finit par le renvoyer. Skügga ne voulait pas d'employer incompétent. Il remit enfin Sara sur son lit et attendit que Sara reprenne connaissance...

Sara se réveilla brusquement après avoir fait un étrange cauchemar dont elle n'eut aucun souvenir dès son réveil. Elle se redressa un peu et vit le docteur Deathtower qui la fixait. Il se releva de la chaise sur laquelle il s'était assis et se rapprocha d'elle. La jeune femme cligna plusieurs fois de suite des yeux, la lumière du jour lui faisant mal aux yeux, et regarda l'homme d'un air interrogateur.
"Euh... Je... Je suis désolée, je voulais prendre le journal, il n'était pas loin, je pensais pas que j'allais... enfin..."
Elle laissa sa phrase en suspens et baissa la tête d'un air désolé en attendant la réponse de Deathtower...

Skügga n'avait pas le temps de rester auprès d'elle, surtout pas envie, et trop de travail l'attendait. Il se leva prit le journal et le déposa sur le lit de Mademoiselle Tichers. Le sorcier suédois prit un gobelet, le remplit de la même potion que la première fois et le donna à Sara .Il se rassied puis dit enfin à sa patiente:
-Buvez tout, il marqua une pause pendant que sa patiente buvait l'infâme potion, et la prochaine que vous avez envie d'un journal ou de quoi que ce soit, demandez au lieu de faire paniquer le personnel.
Skügga lui adressa un sourire puis se dirigea vers la porte. Le directeur de l'hôpital était fatigué et savait qu'il aurait plus de travail avec les batailles à venir. Arriver à la porte de la chambre, il se retourna et s'adressa à Sara:
-J'allai oublier, vous sortez d'ici après-demain, d'ici là éviter de faire parlez de vous. Au revoir!
Et Skügga partit de la chambre pour rejoindre son bureau...

Sara n'avait jamais éprouvé un tel sentiment de honte envers son ami. Décidément, quoiqu'elle fasse ou dise en ce moment, c'était une mauvaise chose. Partir seule sur une île déserte la tentait bien. Là-bas, elle ne pourrait blesser ou inquiéter personne. Le sable fin, le soleil brûlant sur sa peau blanche, les palmiers et cocotiers,... Mais tout ça n'était qu'un rêve. Elle avait des responsabilités ici envers sa -maigre- clientèle et sa famille. Partir serait certainement une mauvaise idée. Surtout que personne ne voudrait la laisser partir seule. Mais elle pourrait partir en douce. Oui ! Quand elle sortirait de l'hôpital, le surlendemain, elle foncerait droit à la boutique, mettrait un panneau de fermeture exceptionnelle à durée indéterminée et ferait sa valise. Se pressant à l'agence de voyage moldue la plus proche, elle voyagerait incognito parmi tous les touristes. La jeune femme peaufinait son plan quand elle s'aperçut que son ami avait terminé de parler. Elle se répéta ses dernières paroles, qui n'allaient pas du tout en accord avec son plan, et répondit d'un ton calme, même si les battements de son cœur indiquaient tout sauf le calme :
"Grogan, je suis vraiment désolée, je ne le referai plus, je te le promets. Quand à ma sortie d'ici, je pense que le directeur a raison de vouloir me faire sortir d'ici dès après-demain. Ne t'inquiète pas, je ne crains rien à la boutique. Je resterai tranquillement dans mon lit à me reposer et je recommencerai le travail quand je me sentirais bien."
Cette dernière phrase résonna comme un écho dans sa tête. Elle n'avait jamais su mentir. Elle espérait qu'elle savait le faire, désormais adulte. Elle attendit la réaction de son interlocuteur en lui souriant gentiment, comme pour le pousser à avoir confiance.